L’INDUSTRIE NAVALE, ACTEUR DU DÉVELOPPEMENT ET DU RAYONNEMENT DES TERRITOIRES – GICAN ÉDITION 2025

Le GICAN publie son édition 2025 du Cahier maritime dans les territoires.

Edito : PIERRE ÉRIC POMMELLET PRÉSIDENT DU GICAN

Chers lecteurs, élus et partenaires, l’industrie navale française incarne aujourd’hui plus que jamais une force économique stratégique pour notre pays. Avec un chiffre d’affaires cumulé de plus de 15 milliards d’euros et plus de 56 000 emplois directs, elle contribue de manière significative au dynamisme de nos régions et à la souveraineté de la France sur la scène mondiale. Dans un contexte d’incertitudes économiques et de mutations rapides, notre secteur est à la fois une source d’innovation, un moteur de croissance, et un pilier de la défense nationale.

Cependant, cet élan est aujourd’hui menacé par des difficultés structurelles qui exigent l’attention et le soutien de tous les échelons de gouvernance. Les entreprises de notre secteur - et tout particulièrement les TPE et PME, qui constituent le cœur de notre tissu industriel - subissent de plein fouet les effets de l’inflation, de la hausse des coûts des matières premières et des approvisionnements. La trésorerie de nombreuses structures est mise à rude épreuve, et les défaillances se multiplient. C’est un signal d’alarme pour l’ensemble de la filière : préserver notre industrie navale, c’est protéger l’emploi, l’innovation et la résilience économique de notre pays.

Face à cette situation, le soutien des collectivités locales, régionales et nationales est crucial pour garantir l’avenir de l’industrie navale française. Ce soutien s’articule autour de plusieurs axes stratégiques, que nous considérons comme essentiels : Accélérer la réindustrialisation par l’investissement dans de nouvelles infrastructures : la compétitivité de notre industrie repose en grande partie sur la modernité de ses installations et sur sa capacité à innover. Dans le cadre de la réindustrialisation de nos territoires, il est vital de soutenir les projets de nouvelles usines et de modernisation des sites existants. Nos chantiers navals doivent disposer d’infrastructures de pointe, permettant la production de navires de haute technologie en France. Nos équipementiers doivent pouvoir aussi bénéficier d’infrastructures modernes permettant de fournir des systèmes et équipements innovants, performants et compétitifs. Renforcer notre capacité de production et d’innovation en Europe est une condition indispensable pour réduire notre dépendance aux chantiers asiatiques, où la concurrence est souvent faussée par des subventions massives.

Renforcer l’attractivité et répondre aux besoins en compétences : l’industrie navale est une source d’emplois hautement qualifiés et elle contribue à la transmission d’un savoir-faire unique en Europe. Toutefois, elle est aujourd’hui confrontée à une pénurie de main-d’œuvre qui pourrait freiner son développement. Avec l’appui du CINav, nous avons entrepris des initiatives en matière de formation et de promotion des métiers de la mer, mais il est nécessaire d’aller plus loin. Nous appelons les régions et l’État à soutenir des actions ambitieuses en matière de formation professionnelle et de sensibilisation, afin d’attirer les talents vers notre secteur et de répondre aux besoins croissants en compétences.

Optimiser et mieux orienter les fonds destinés à l’exportation : l’industrie navale française est une filière résolument tournée vers l’international, avec 54 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’export. Pourtant, pour rester compétitive, elle doit faire face à des conditions de marché mondiales de plus en plus difficiles. Le GICAN s’emploie à défendre un soutien accru et une gestion optimale des fonds dédiés à l’internationalisation qui permettent de renforcer la présence de nos industriels sur les marchés étrangers et de valoriser l’excellence française dans le domaine naval.

Affronter les défis de la dualité du marché : l’industrie navale française se distingue par sa dualité civile et militaire, qui lui permet de développer des technologies de pointe servant à la fois la sécurité nationale et le secteur commercial. Cette dualité est une force et un atout stratégique. Le secteur de la défense, en forte croissance, contribue largement au chiffre d’affaires et au rayonnement de notre industrie en exportant des équipements de haute technologie. En revanche, le secteur civil reste confronté à une compétition mondiale inégale, marquée par la concurrence déloyale des pays asiatiques qui bénéficient de subventions massives et de soutiens publics importants. Face à ces pratiques, il est crucial de protéger et de soutenir nos chantiers civils afin de garantir la pérennité d’une industrie navale forte, qui constitue un véritable atout pour le contrôle des mers. Comme le soulignait l’amiral et explorateur Walter Raleigh, « Celui qui commande la mer commande le commerce, et celui qui commande le commerce commande le monde ». Cet héritage, porteur de sens, résonne aujourd’hui avec force dans les enjeux géopolitiques actuels. 

Développer une stratégie industrielle maritime au niveau européen : dans un monde en pleine mutation, où la souveraineté industrielle est devenue un enjeu majeur, l’Europe doit agir collectivement pour protéger et promouvoir son secteur naval. À l’image de la feuille de route établie par certains de nos concurrents asiatiques, il est crucial de mettre en place des politiques européennes ambitieuses et adaptées aux spécificités de notre industrie. En tant que porte-parole des industriels français, le GICAN se mobilise pour promouvoir cette stratégie commune et faire reconnaître l’industrie navale comme un secteur stratégique pour la souveraineté européenne. En tant que syndicat professionnel représentatif, le GICAN est là pour défendre les intérêts de l’industrie navale et à travailler main dans la main avec les décideurs publics pour bâtir l’avenir de notre secteur. Nous continuerons cette mission afin de permettre la mise en œuvre des politiques et des actions qui renforceront notre filière, tant au niveau national qu’européen. Au-delà de ces objectifs, il est impératif de souligner l’importance de cette industrie pour l’ensemble du tissu socio-économique français. Nos industriels ne se contentent pas de produire des navires, mais génèrent également des emplois stables, souvent mieux rémunérés que dans d’autres secteurs, et offrent de nombreuses opportunités aux jeunes talents. En intégrant des technologies de pointe, de l’intelligence artificielle aux énergies renouvelables, ils participent activement à la transition écologique. L’engagement de la filière en faveur de la décarbonation est une priorité et mérite un soutien solide, notamment par la simplification de l’accès aux fonds pour la recherche et le développement technologique.

En conclusion, préserver et développer l’industrie navale française est une responsabilité collective. Ensemble, industriels, élus, collectivités et partenaires, nous devons unir nos forces pour bâtir un avenir durable pour ce secteur stratégique. Le GICAN est fier de représenter cette industrie d’exception et continuera à défendre ses intérêts avec détermination.

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