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LE RÉARMEMENT NAVAL MILITAIRE DANS LE MONDE - HORS SÉRIE "ÉTUDES MARINES"

C.E.S.M.

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20/03/2023

Fin d’une pause stratégique en mer de trente ans.

 

Après la disparition de l’URSS en 1991, les marines militaires des deux blocs ont progressivement déserté les mers et océans, à commencer par la marine russe que nous ne voyions quasiment plus en haute mer, sauf à proximité de ses bases. Cet effacement militaire en mer a été tel que même les États-Unis ont progressivement réduit le format de leur flotte, avec aujourd’hui moins de 300 unités, à l’image du nombre de porte-avions qui a été envisagé sous la barre de la dizaine…

Toutefois il faut souligner que, sous les eaux, les rapports de force n’ont jamais vraiment cessé. Les Russes ont notamment repris l’effort de modernisation de leur flotte sous-marine dès le début des années 2000. Sans compter la prolifération de sous-marins à propulsion classique (non nucléaire) : on en dénombre aujourd’hui plus de 400, preuve de leur utilité pour la défense des espaces de souveraineté. Et sans compter les nouveaux rapports de force pour l’accès aux fonds marins.

La prise de conscience du retour stratégique du fait maritime militaire en Occident date du début des années 2010, marquée par le retour du « thalassotropisme » chinois : volonté chinoise de mainmise sur la mer de Chine du Sud (zone des neuf traits) et nouvelles routes maritimes de la soie, en sont deux exemples illustratifs. L’ambition maritime chinoise renouvelée explique en partie le pivot asiatique du Président Obama, poursuivi depuis par ses successeurs (la guerre en Ukraine ne modifie pas fondamentalement le rapport de force qui se durcit entre Chine et États-Unis), qui s’est notamment traduit par une bascule des groupes aéronavals américains dans le Pacifique (engendrant régulièrement des Carrier gaps dans le golfe Arabo-persique) et la reconstruction d’une flotte militaire qui est désormais inférieure en nombre à la flotte chinoise.

Au-delà des enjeux dans le Pacifique, on assiste également à un réarmement naval militaire en Méditerranée, en océan Indien ou dans l’Arctique : maîtrise des espaces de souveraineté, protection des flux maritimes (alimentaires, énergétiques, biens de consommation, etc.), volonté de manifester sa puissance, établissement de rapports de force en mer sont autant de raisons qui expliquent le réinvestissement massif de la part de plus en plus de pays qui ont accès aux mers et océans partout dans le monde, une partie d’entre eux considérant que le droit international - en particulier en mer - tel qu’il existe ne suffira plus pour garantir leurs intérêts.

 

Les défis sont désormais de quatre ordres :

I) Sécurité des flux maritimes nécessaires dans une économie mondialisée ;

II) Lutte contre les trafics illicites –pêche illégale, trafic d’êtres humains, narcotrafic, piraterie – qui n’ont cessé de croitre depuis une trentaine d’années, sans doute dus en partie à la disparition des flottes militaires dans une partie des espaces maritimes ;

III) Retour de la confrontation navale et risques d’affrontements en mer, directs ou hybrides ;

IV) Conséquences en mer du dérèglement climatique, sources potentielles de conflit (confrontation pour l’accès aux ressources halieutiques qui se déplacent), sinon de désastres humains sur les côtes maritimes.


L’objectif de ce nouveau numéro est de permettre de comprendre que les espaces maritimes qui ont été réduits pendant ces trente dernières années à des vecteurs de souveraineté, garants d’un certain équilibre entre les continents par les échanges qu’ils permettent, redeviennent désormais des objets de souveraineté en tant que tels dont la conséquence principale est le réarmement naval militaire général. Celui-ci est à la fois d’ordre quantitatif, avec des orientations différentes suivant les zones du globe et les marines concernées. Il est également qualitatif, avec l’arrivée de nouvelles armes et systèmes sur les plateformes sous-marines, de surface et aériennes.

 

                                                                                                                          Le contre-amiral Marc-Antoine de Saint-Germain, 

                                                                                                                          directeur du centre d'études stratégiques de la Marine


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