Connaissez-vous l’une des plus grandes prises de navires ennemis de l’histoire française ?
Elle ne fut pas remportée par des amiraux au large, mais par des hussards au galop.
En janvier 1795, sur la mer du Nord figée par l’hiver, des cavaliers capturèrent une flotte entière.
Non pas à quai… mais en pleine mer gelée !
L’Europe grelotte sous l’un des hivers les plus rigoureux de mémoire d’homme.
La mer du Nord elle-même se fige, et avec elle, la flotte hollandaise au mouillage de Den Helder.
Prisonniers des glaces, les vaisseaux ne peuvent ni manœuvrer, ni fuir.
Face à cette situation inédite, les généraux français n’attendent pas le dégel. Ils imaginent l’impensable.
La mer n’est plus mer, elle est devenue plaine.
Alors pourquoi ne pas l’aborder… à cheval ?
Sous les ordres de Lahure et de De Winter, des hussards s’avancent de nuit sur cette surface de cristal, chaque cavalier portant en croupe un fantassin. Les sabots sont enveloppés pour étouffer le bruit.
Les vaisseaux, silhouettes figées, semblent des forteresses posées sur la glace.
En silence, la cavalerie atteint les navires.
Point de canonnade, point d’abordage sanglant : les équipages, sidérés de voir surgir la guerre non par les flots mais par la terre, se rendent sans résistance.
Ainsi, une flotte entière, douze vaisseaux de ligne et plusieurs frégates, passe aux mains de cavaliers.
Unique dans l’histoire : jamais flotte ne fut prise par des chevaux.
Ce prodige n’est pas seulement un épisode pittoresque. C’est un exemple éclatant de ce que nous appelons aujourd’hui penser “hors du cadre”.
Transformer un obstacle en ressource : la glace devient pont.
Croiser les savoirs : cavalerie et infanterie réunies pour aborder.
Agir avant que l’adversaire ne comprenne : la surprise vaut une victoire.
Lire le contexte dans toutes ses dimensions : météo, terrain, politique.
L’audace des hussards de Den Helder nous rappelle que l’innovation ne naît pas toujours des outils nouveaux, mais du regard que l’on porte sur les réalités du moment.
Là où d’autres voyaient une mer infranchissable, eux virent un champ de bataille.
Et cette nuit glaciale de 1795 demeure, encore aujourd’hui, une leçon universelle : parfois, les solutions les plus fécondes naissent de l’improbable.
Jamais flotte ne fut conquise avec autant d’audace. Jamais cavalerie ne fit siens les vaisseaux de guerre.
Bilan :
12 vaisseaux de ligne, 5 frégates, 1 escadre entière capturée sans combat.
Jamais la France ne s’empara d’autant de navires en une seule fois.
Bastien Arcas
Président de l'association HYDROS

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