Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

RAPPORT D’ACTIVITÉ 2024 DU BEAMER, LE BUREAU D’ENQUÊTES SUR LES ÉVÉNEMENTS DE MER

Rapports d'Accidents

-

05/06/2025

LE MOT DU DIRECTEUR

L’année écoulée a mis en lumière les défis persistants et les risques inhérents aux activités maritimes, en particulier dans le secteur de la pêche. L’analyse des statistiques révèle des tendances marquantes qui soulignent une vigilance toujours de rigueur couplée aux initiatives en matière de sécurité par la formation, la poursuite de la culture de la sécurité et l’évolution des mentalités à tous niveaux.

La pêche artisanale, opérée sur de plus petits bateaux, enregistre un taux d’accidents élevé, souvent aggravé par l’âge des navires. Ces petits navires répondaient à la réglementation en vigueur à leur date de pose de quille remontant en moyenne à trente ans et plus, ancienne et dépassée. Les accidents surviennent fréquemment en raison de changements d’exploitation et transformations successives. La période de prise en main du navire par un nouveau patron, après son acquisition, constitue une phase critique au cours de laquelle des accidents surviennent.

Cette répartition des risques selon la taille et le type de navire met en évidence des axes d’amélioration essentiels : renforcer la stabilité des navires de taille intermédiaire, généraliser les équipements de sécurité sur les petites embarcations et poursuivre les efforts de prévention sur les plus grands. La formation des équipages, l’adaptation des pratiques aux conditions en mer et l’amélioration des dispositifs d’alerte et d’intervention doivent rester au cœur des préoccupations pour limiter les pertes humaines et matérielles.

Parmi les accidents de cette année, j’ai été particulièrement marqué par quatre accidents tragiques qui illustrent la diversité et la gravité des risques en mer.   

L’accident du Kailea Princess, survenu à Bora Bora, a été provoqué par une rupture soudaine de son amarre, entraînant la dérive du navire vers des baigneurs. Dans une manœuvre d’urgence pour reprendre le contrôle du bateau, le capitaine a malencontreusement causé la mort d’une passagère happée par l’hélice. Dans un rapport remontant à 2019 sur un accident mortel d’un jeune Kite surfeur, le BEA mer avait déjà soulevé le besoin de protéger les passagers qui se trouvent à proximité des hélices lors de certaines activités, avec l’installation de cages d’hélice ou dispositifs similaires ; ce nouveau rapport arrive à la même conclusion avec une recommandation presque identique. Ce dernier rapport a été très utile, la  DGAMPA ayant indiqué son intention de suivre la recommandation du rapport relatif au Kailea Princess.  

Le chavirement du Coralia au large de Pointe-à-Pitre, quant à lui, a mis en lumière les dangers de la navigation nocturne sur de petits navires lorsque le trafic est très dense de nuit. Une vague inattendue a fait basculer la petite embarcation, projetant ses passagers à l’eau et causant la mort de deux d’entre eux, restés coincés sous la coque.  

L’échouement du Cycnos, à proximité de Bayonne, qui a entraîné la perte de deux marins-pêcheurs, met en lumière les risques liés à la fatigue à bord ainsi que l’importance de maintenir les systèmes de veille en fonctionnement. Ce tragique accident présente, notamment en ce qui concerne le rôle de la fatigue, des similitudes avec l’échouement du Rhodanus en Corse. Souvent sous-estimée, en particulier lorsqu’elle affecte l’homme de quart, la fatigue peut être source d’accidents très graves.  

Enfin, le naufrage du RUMALO II, un fileyeur, est un drame lié à une perte de stabilité non contrôlée. Après plusieurs modifications structurelles du navire, le bateau a chaviré lors d’une opération de pêche, coûtant la vie à son patron.  

Ces accidents rappellent l'importance des vérifications techniques, de la formation des équipages, du respect des protocoles de sécurité, les limites humaines, et du besoin, parfois, d’améliorer les normes pour prévenir de telles tragédies.

Enfin, cette année encore, l’activité internationale a été importante, reflétant l’utilité de partager l’expérience et les meilleures pratiques avec nos collègues étrangers.  

                                                                                                                                    François-Xavier RUBIN DE CERVENS

                                                                                                                                   Directeur du BEAmer




Retrouvez le rapport en pièce-jointe.




Commentaires0

Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.

Articles suggérés

Rapports d'Accidents

RAPPORT D'ENQUÊTE SUR LA COLLISION ENTRE L'OS 35 ET L'ADAM LNG ET L'ÉCHOUEMENT CONSÉCUTIF DE L'OS 35 LE 29 AOÛT 2022 EN BAIE DE GIBRALTAR

photo de profil d'un membre

Yves-Noël Massac

18 mai

1

Rapports d'Accidents

UNE ERREUR DUE À UNE "ILLUSION DE MOUVEMENT RELATIF" IDENTIFIÉE DANS LE RAPPORT D'ENQUÈTE SUR LA COLLISION DU CITY OF ROTTERDAM

photo de profil d'un membre

Yves-Noël Massac

21 avril

Rapports d'Accidents

RAPPORT D’ENQUÊTE DU BEA MER SUR LE NAUFRAGE DU CARGO À VOILES DE GALLANT LE 21 MAI 2024

photo de profil d'un membre

Yves-Noël Massac

16 mars