FLEXFUEL DÉPOLLUE LES NAVIRES DE GUERRE AVEC DE L’HYDROGÈNE.

Soutenue par la DGA, la PME FLEXFUEL a breveté une technologie verte qui s’adresse à plusieurs industries.

C’est une technologie à base d’hydrogène vert « made in France » très prometteuse. Mise au point par la PME FLEXFUEL basée à Sophia-Antipolis, elle consiste à nettoyer à l’hydrogène, « décalaminer » selon le jargon des marins, les moteurs des gros navires militaires et commerciaux.

Ce système baptisé « Hy-Motor » consiste à produire de l’hydrogène vert à base d’électrolyse de l’eau dans une petite station-service de la taille d’un conteneur, installée sur les quais, au plus proche des bateaux. Et à l’injecter dans les moteurs. Les bénéfices sont importants : une réduction de 12% de la consommation de carburant grâce au retour à la normale de la performance des moteurs ; une réduction de 30% des émissions polluantes de CO₂, notamment, et une baisse également de 30% des coûts de maintenance. La Marine fait face à des problèmes d’encrassage des moteurs des bateaux lorsqu’ils stationnent en mer (???), en soutient d’opérations extérieures, mais aussi à quai. Le recours à l’hydrogène permet d’ôter les suies et autres dépôts qui encrassent les moteurs, augmentent les rejets polluants et dégradent les pièces.

« Nous venons de déposer un brevet pour notre technologie, en particulier la membrane de production d’hydrogène. Cette membrane est en quelque sorte l’équivalent du microprocesseur des ordinateurs. Elle permet de produire de l’hydrogène en grande quantité », explique Sébastien Le Pollès, président-fondateur de Flexfuel. Cette innovation est le fruit d’une coopération entre la PME et la DGA. « La DGA nous a identifiée et contactée en 2016. Elle a investi dans notre projet de R&D en finançant 75% des investissements. Il nous a fallu 5 ans pour mettre au point cette technologie qui est désormais fiable et prête à être déployée », souligne Sébastien Le Pollès. Il précise que sa technologie a été validée par l’organisme de certification Ineris au niveau de sécurité le plus élevé (SIF3).

« Nous créons ainsi un nouveau marché de dépollution des bateaux », poursuit-il. Hy-Motor s’adresse à la majorité des quelques 118 navires de plus de 100 tonnes de la Marine française. Des bateaux de combat aux chasseurs de mines, en passant par ses bâtiment de débarquement et de soutient. Mais aussi à la flotte de pêche française avec ses 7150 navires, aux bateaux de plaisance (plus d’un million en France) dont 90% sont motorisés ainsi qu’aux paquebots de croisière qui font escale dans les ports français. (On se demande pourquoi les autres navires de commerce ne sont pas concernés ???).

Au-delà de ces applications navales, Flexfuel vise d’autres marchés. « Grâce à cette technologie, nous pouvons aussi répondre aux besoins des industries qui consomment de l’hydrogène au quotidien mais aussi celles qui travaillent sur leur transition énergétique à l’instar de l’aviation », précise Sébastien Le Pollès. Afin de passer à la vitesse supérieure, Flexfuel projette de construire, en partenariat avec un industriel, une usine automatisée de fabrication de mini stations-service de production d’hydrogène vert. Quatre régions sont sur les rangs pour accueillir le site : PACA, ARA, IDF et Normandie. L’usine doit entrer en service fin 2022 et générer 140 emplois.

« Notre projet prend le contre-pied de ceux des grands groupes qui vendent de l’hydrogène fabriqué dans des usines géantes à des prix élevés », explique le président de Flexfuel. « Nous voulons industrialiser le processus afin de démultiplier les stations-service au plus près des clients. Cela, à des prix compétitifs (6 € le kg) ». Participant au plan hydrogène lancé par la France, Flexfuel assure pouvoir fournir de l’hydrogène vert à bas coût non seulement pour nettoyer les moteurs de bateaux, d’avions, de camions et d’automobiles, mais aussi les alimenter une fois que ces moteurs seront "hydrogène compatibles".

Transcription d'un article du FIGARO du 4 juin 2021.